Égalité des genres dans le secteur du spectacle vivant européen : réflexions et ressources

L'égalité des genres et l'engagement à l'atteindre doivent être au cœur de la protection et de la promotion de la diversité des expressions culturelles et des conditions de travail décentes dans le secteur. En même temps, une expression culturelle qui promeut l'égalité des genres peut jouer un rôle dans la transformation des perceptions individuelles et collectives, l'élimination des stéréotypes et l'amplification des voix encore invisibles ou silencieuses.

L'égalité des genres est une valeur essentielle des droits fondamentaux de l'UE [1] et un principe clé du pilier européen des droits sociaux. Les droits culturels sont des droits humains qui s'appliquent universellement, sans distinction de sexe ou de genre. Ils servent également de condition à l'enrichissement de la diversité culturelle. Ceci est soutenu par d'autres documents. Par exemple, le droit de prendre part librement à la vie culturelle de la communauté, de jouir des arts et de participer au progrès scientifique et aux bienfaits qui en résultent est inscrit à l'article 27 de la Déclaration universelle des droits de l'homme adoptée par l'Assemblée générale des Nations unies en 1948. La convention de 2005 de l'UNESCO sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles prévoit que « les Parties s'efforcent de créer sur leur territoire un environnement qui tienne compte des conditions et des besoins spécifiques des femmes » (Unesco 2005).

Malgré tous ces documents, ces déclarations et cette volonté politique, il reste beaucoup à faire en matière d'égalité des genres dans le secteur de la création. Les inégalités structurelles auxquelles sont confrontées les femmes artistes et les professionnels de la culture qui s'identifient à un autre genre sont souvent obstinément résistantes. De nombreux obstacles persistent et la pandémie de Covid-19 a aggravé la situation dans de nombreux cas.

Les inégalités de genre sont liées à des phénomènes complexes, dont les causes et les implications ne sont pas toujours évidentes ou faciles à combattre. Les femmes rencontrent toujours plus de difficultés dans l'accès au marché du travail, aux postes de direction, et en termes de rémunération du travail. Les stéréotypes de genre semblent persister avec obstination. L'écart de rémunération entre les genres en Europe s'est établi en moyenne à environ 14 % en 2019, globalement stable depuis plusieurs années [2]. Malheureusement, rien ne prouve que cet écart soit moins important dans le secteur culturel et créatif. Ceci a encore d'autres conséquences : les écarts de rémunération sont amplifiés par l'écart entre les genres en matière de soins, mais les renforcent aussi à leur tour. Effectivement, les femmes sont généralement les principales responsables des soins aux enfants et aux parents âgés [3]. Cela signifie que la charge des soins non rémunérés dans les familles incombe principalement aux femmes. Cela implique que les femmes éprouvent souvent des difficultés à réintégrer le marché du travail après un congé de maternité et/ou une interruption de carrière et qu'elles ont tendance à accepter des emplois à un poste inférieur ou pour un salaire moindre. Même dans ce cas, elles sont toujours confrontées au défi de combiner des heures de travail irrégulières et des obligations de soins. Un autre problème est que les femmes sont plus souvent des parents isolés que les hommes [4].

Un autre facteur contribuant aux inégalités entre les genres est le biais sexiste qui affecte souvent les carrières des femmes dans le secteur du spectacle vivant. Les rapports font souvent état d'une surreprésentation des femmes dans des rôles moins importants et moins visibles, et de leur absence ou sous-représentation dans les échelons supérieurs de la direction ou dans les nominations les plus prestigieuses du secteur. Les femmes se produisent plus souvent dans des lieux moins prestigieux. Les réalisatrices et les créatrices se retrouvent souvent cantonnées à des lieux et des publics plus restreints. Les femmes sont surreprésentées dans des rôles moins prestigieux : coordinatrices, cadres moyens, assistantes, costumières ou encore scénographes, tandis que les hommes sont plus nombreux à travailler dans les domaines plus créatifs et techniques du secteur culturel [5].

La pandémie de Covid-19 a clairement amplifié certains problèmes d'inégalité entre les genres, même si la quantification complète de ces effets reste difficile à l'heure actuelle. Néanmoins, il est d'ores et déjà clair que plusieurs raisons expliquent pourquoi les femmes ont été plus durement touchées que les hommes dans le secteur culturel. La pandémie a non seulement mis en évidence les inégalités et les injustices entre les genres existant sur le marché du travail, mais elle les a également intensifiées. Les femmes sont plus susceptibles que les hommes d'avoir des contrats de travail temporaires, à temps partiel et autres contrats atypiques. Cette situation est encore plus difficile lorsque le fait d'être une femme se conjugue avec d'autres facteurs tels que la race, le handicap, un statut socio-économique précaire et des responsabilités liées aux soins.

Les ressources énumérées ci-dessous explorent ces défis complexes et ont été une source précieuse d'informations et d'idées au cours de ce projet. Les exemples de bonnes pratiques inclus dans notre base de données constituent une réponse importante à ces défis, en présentant une partie du travail de qualité qui a été réalisé dans ce domaine.

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